Indian Cofee House
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Temple de l'eau
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 La comparaison Ando-Baker, comme conclusion ?

Sous l’appellation poétique « a rose by a another name still smells sweet », un architecte chinois, Chen Ping Alwin Lo* a écrit un texte en 2001 comparant Laurie Baker et Tadao An-do.

L’auteur, à la recherche de ce qu’est le véritable esprit de l’être d’un architecte, croit avoir trouvé auprès de ces deux architectes, qu’à priori tout sépare, ce qui va l’aider à établir la doctrine qu’il veut assumer pour le restant de sa vie et de sa carrière.

En étudiant leur philosophie respective, au travers des circonstances et des valeurs de la vie, il les découvre si différents et si proches à la fois.

Ce qui les relie d’abord est l’approche fondée sur l’homme de leurs projets respectifs.

Ils sont bien sûr différents par leur pays d’origine (ou d’activité pour Baker).

D’un côté, une région pauvre de l’Inde du Sud où Baker va consacrer sa vie à fournir un toit aux sans-abris. De l’autre, l’intention pour Ando d’apporter santé mentale et développement de la sensibilité au Japon prospère.

L’analyse porte alors sur la nature des clients qui, au-delà des usages constructifs, est un facteur déterminant pour le projet.

Chez Ando, le souci est d’introduire ce client dans l’expérience profonde du «MA», l’émotion fondamentale de l’espace, qui raconte les caractéristiques de chaque environnement, et guide les utilisateurs pour ressentir leurs propres sentiments dans l’architecture.

Pour Baker, les choses sont comparativement simples mais pas pour cela si faciles…

Différent d’Ando qui enseigne à vivre, Baker essaye toujours d’écouter le local en regardant, observant et cherchant à comprendre les habitudes de vie de la population par l’observation de leur habitat.

Baker dira : « mon sentiment en tant qu’architecte est que vous ne devez pas essayer de bâtir un monument qui serait un souvenir de « l’architecture » de tel ou tel… mais bien la maison de telle personne qui y a vécu heureux avec sa famille ».

La différence entre les résidents de Trivandrum et d’Osaka est grande dans les standards de vie et de santé, dans le progrès social et urbain et peut difficilement se comparer. Il reste cependant que les choses ne sont faciles ni pour les uns, ni pour les autres.

Comme dit plus haut, Ando est à la recherche de chemins pour enrichir la vie humaine.

La plupart du temps, pour arriver à concrétiser les qualités spatiales et constructives du projet, Ando demandera et persuadera ses clients d’augmenter les budgets , ce qui sera approuvé dans bien des cas.

Alors que Baker, en accord avec la population locale et son faible niveau économique, ne dépassera pas ses limites en enlevant les dépenses inutiles en matériaux et construction, tout en maintenant les qualités et l’attractivité du projet.

Baker choisit la brique d’argile comme matériau principal, celle-là même qui est utilisée depuis des milliers d’années. Il décrit la brique comme solide, durable et bon marché, revendiquant par là même son usage dans l’architecture actuelle.

Il dit seulement que la brique comme matériau de construction est rejetée par la « pensée moderniste ». Il dit aussi que si les constructions en brique ne peuvent généralement pas dépasser les trois niveaux, cela les maintient à l’échelle des arbres à noix de coco.

Les constructions acquièrent ainsi naturellement la limite de la forme possible de l’architecture en Inde.

Pour Ando cependant, « lisse et soyeux comme la soie » le béton, avec les petits trous à tête d’épingle, est simplement son signe particulier. En plus d’être une bonne manière pour créer un espace isolé du chaos extérieur, Ando travaillera dans la voie de moderniser la tradition japonaise. Ando pense que le béton est le matériau unique pour révéler le sens japonais de la beauté, si toutefois il est utilisé correctement et proprement.

Ando et Baker, en plaçant la construction dans son contexte, mettent l’accent sur les éléments de celui-ci, tels que le vent, l’eau et la lumière.

Par les jalis, Baker donne la ventilation et la lumière, comme antidote au climat chaud et humide du Kerala, procurant un caractère apaisant aux pièces de vie.

Ando, lui, utilise des ouvertures qui sont « comme coupées dans le mur » pour dessiner le vent et la lumière, créant un espace de spiritualité et une réponse au rude monde extérieur.

La géométrie est un autre élément pris en compte différemment par les deux architectes.

Ando utilise une simple géométrie minimaliste.

Baker utilise celle-ci comme simplicité et facilité pour la construction, qui implique à nouveau une réduction des coûts, tel l’usage du cercle qui induit une plus grande surface dans une économie de matériaux.

Ando et Baker donnent un sens d’enthousiasme à l’auteur du texte, en confrontant vie et population, en y consacrant le meilleur de leur vie.

Tous les deux, au Japon comme en Inde, sont des figures honorables et respectées par les populations locales.

Et l’aspect médiatique international porté sur Ando ne change rien à l’essentiel,

« une rose portant un autre nom est toujours parfumée ».

Ces réflexions présentent un aspect si rafraîchissant et si positif qu’elles méritent de conclure cette courte présentation du travail et de la vie de Laurie Baker.

Avec tous nos remerciements à Nalini Nayak de Protsahan, aux architectes de Costford Sajan et Shilaja, et aux jeunes architectes pleins d’amabilité, de joie et de curiosité Gulve Ganesh et Baheti Bahrat, Simone et Bruno Vellut.

Début avril - 18 mois après notre voyage et notre rencontre avec Baker et sa famille, nous avons appris le décès de Laurie Baker qui a quitté « son enveloppe corporelle » le dimanche 01 avril 2007, âgé de 90 ans.

Tous diront de lui qu’il aura été un homme de « bien ».