Laurie Baker
Dessin
à Pithoragarh
(Népal)
Maison à Vagamon
Collines
de Vagamon
Ecran de soleil :
maison Sivanandam
à Vattiyorkavu
Magasin de tissus
à Trivadrum
« wood house »
à Kottayam
Palais de
Padmanabhapuram
Palais de
Padmanabhapuram
Palais de
Padmanabhapuram
La lumière vient
du « dessous »
La lumière vient
du « dessous »
Salle du conseil
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Laurie Baker

Laurie Baker est né en mars 1917 à Birmingham. Il sera diplômé architecte en 1938, à l’école d’architecture de sa ville natale.

Sa famille de formation Quaker (mouvement réformé né en Angleterre : pacifisme, philanthropie et simplicité des mœurs) va orienter ses premiers choix de vie.

Il s’engage comme volontaire dans une unité d’ambulanciers mise en place par la communauté quaker et servira en Mandchourie à la fin du conflit opposant le Japon et la Chine précédant la deuxième guerre mondiale.

Durant cette période de trois ans, il y découvrira l’architecture vernaculaire et les coutumes locales.

Sur le chemin du retour vers l’Angleterre, son bateau fait une longue escale de trois mois à Bombay. Aidé par le mouvement quaker, il rencontre Gandhi et va adhérer à ses idées empreintes d’un esprit de non violence et sensibles aux besoins essentiels du peuple indien.

Pour Gandhi, l’après indépendance et l’évolution future seront marquées par l’éducation et le travail des artisanats locaux dans l’Inde rurale des campagnes. C’est dans cette ligne que celui-ci encourage Baker à travailler dans le pays .

Baker retournera en Inde en 1945 au service d’une institution missionnaire qui le charge d’aménager de petits hôpitaux pour soigner la lèpre. Ce qu’il fait pendant une longue période en habitant dans les régions montagneuses du Népal, le district de Pithoragarh.

Toutes ces années seront vécues comme un long temps d’apprentissage, le faisant passer du savoir urbain d’un architecte anglais à la connaissance de l’architecture vernaculaire issue de la montagne et des villages.

Il y découvre spontanément ce qu’on appellera plus tard la technologie « intermédiaire » ou « appropriée » du tiers-monde et toutes les ressources d’une écologie appliquée, spontanée et empirique.

Durant son travail au Népal, il rencontre celle qui va devenir sa femme, Kuni Jacob, médecin indienne. En 1963, ils se déplacent vers le Kerala, d’abord dans une région montagneuse, à Vagamon, puis, pour être plus proche de ses chantiers, ils s’établissent à Trivandrum, capitale du Kerala.

Ses travaux sont consacrés à l’habitat de la population locale mais aussi à des programmes d’institutions pour une gamme étendue d’organisations.

Toute sa vie et son œuvre témoignent de son opiniâtreté à pratiquer des idées nourries de la force de la simplicité et d’un engagement sans faille auprès d’une population au niveau de vie très bas et souvent logée dans un habitat précaire, si pas sans abris.

En cours d’études, avec des amis, il fait un voyage à vélo en Europe de l’Ouest, France, Suisse, Allemagne…

Et il en tire une impression durable de la variété des architectures locales, des usages, des matériaux et de leur mise en œuvre, en réponse aux besoins particuliers, aux conditions climatiques, aux différentes formes d’implantation.

Cette curiosité et cet intérêt pour le travail des artisans et pour la production de ce qu’on appelle l’architecture vernaculaire en milieu rural ne le quitteront plus.

Son approche pragmatique sera servie par ses capacités créatives et sa très grande vitalité personnelle. Il ne croit pas que le « style international » promu par le mouvement moderne à l’Ouest, pourra apporter des réponses utiles aux populations rurales de l’Inde.

Surtout lorsque le modernisme s’écarte des exigences fonctionnelles pour devenir un style ( M.Mostafavi*).

Par contre, son observation continue et profonde du milieu local l’amène à privilégier les modes traditionnels de la construction , utilisant les matériaux disponibles sur place, la brique, la pierre, la latérite, le bois … gardés apparents, naturels, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur car « cela permet à l’œil de se reposer, après une journée de travail, sous un soleil éblouissant… » .

Il utilise aussi toutes les connaissances artisanales acquises au cours des siècles, les complétant par une expérimentation judicieuse.

Ses convictions seront une réponse adéquate aux besoins personnels des familles pour qui il va construire des habitations, qu’elles soient d’origine très modeste ou issues de milieux plus aisés. Les réponses, toujours différentes, se fondront dans le paysage du Kerala et vont faire partie de l’héritage local. Les qualités d’enracinement de ses projets sont manifestes.

Il y a une ironie à constater que Baker a été tenté d’utiliser les traditions locales et l’artisanat plus que le reste de l’Inde qui a été fascinée par le mouvement international ( M. Mostafavi).

Sa formation quaker et l’artisanat quaker compris comme un labeur de bonne volonté et d’honnêteté se traduit dans une architecture harmonieuse et une élégance simple, telle une offrande à Dieu. L’usage mesuré des matériaux le conduit à une approche mesurée du projet, au sens écologique.

Un excellent livre sur Baker, écrit en 1991, par Gautam Bhatia*, gradué des Beaux Arts et post-gradué en architecture à l’université de Pennsylvanie-USA , a fait une sélection difficile parmi une série d’un millier de maisons et d’une quarantaine d’institutions.

La contribution de Baker dans la société doit se voir comme celle d’un professionnel socialement engagé et dont le travail est un acte socialement responsable. Si l’architecture ne répond pas aux besoins réels de la population en respectant les valeurs traditionnelles de celle-ci, elle provoque la destruction de la société issue de cette tradition. Il refuse l’abandon des vrais problèmes provoqué par une culture trop individualiste. Le lien de Baker à la tradition ne peut être vu comme une préférence romantique à une vie primitive.

En citant les points forts de son architecture, on ne peut qu’être frappé par leur actualité :

  • 1. l’utilisation réfléchie des matériaux rares,
  • 2. la réduction spectaculaire des coûts de construction,
  • 3. l’augmentation proportionnelle de l’espace habitable,
  • 4. l’efficacité environnementale,
  • 5. le confort thermique.
  • Il y a d’une part les ressources financières réduites et d’autre part les ressources conséquentes de la main-d’œuvre en Inde.

    L’architecture devient un médium pour un message sur l’artisanat local, la tradition et l’économie. La tradition locale de l’artisanat de la construction au Kerala utilise les écrans de soleil, les colonnes portantes et les fenêtres à claire-voie

    Baker va travailler comme concepteur et constructeur et entrepreneur contractant à la façon d’un maître artisan traditionnel.

    Il agira en chef des maçons impliqué à tous les stades de la construction, organisant efficacement les métiers de celle-ci.

    Un texte qu’il écrit pour une présentation à un séminaire sur « Design for Development » qui s’est tenu à Ahmedabad en 1979 sous le titre « the Industrial Designer and the Housing », décrit différents éléments constructifs tels que fondations, murs, planchers …

    Il définira sa compréhension des modes constructifs s’appuyant sur la longue et ancestrale connaissance du savoir populaire.